« Le maïs brins longs reste un fourrage très appétent »
Maïs ensilage. Après un premier hiver passé avec le maïs Shredlage, les associés du Gaec des 3 M soulignent l’appétence et la digestibilité du fourrage.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Lorsqu’un voisin s’est équipé de l’éclateur Shredlage pour faire des chantiers d’ensilage, Danièle et Alexandre Michel n’ont pas hésité à le solliciter pour récolter l’intégralité de leur surface en maïs à l’automne 2017 (17 hectares). « Notre objectif était de jouer la carte de l’éclatement du grain, afin de mieux valoriser l’énergie produite à la ferme, souligne Danièle. Nous retrouvions toujours des grains de maïs dans les bouses, avec cette désagréable impression de jeter le fruit de notre travail directement dans la fumière. L’idée était aussi d’attendre la récolte d’un grain plus sec, sachant qu’il serait bien éclaté, pour aller chercher davantage de rendements et d’amidon. »
Pour rappel, le Shredlage, mis au point par Claas, est conçu pour éclater finement les grains, tout en produisant des fibres longues de 20 à 30 mm aptes à stimuler la rumination.
Avec un éclateur classique, plus la coupe est longue, moins le grain a tendance à être bien éclaté. Le profil rainuré en croix des rouleaux et le différentiel de vitesse augmenté à 50 % permettent aussi d’assurer la déstructuration de ces fibres afin d’améliorer leur digestibilité dans le rumen. Pour faire simple, le maïs Shredlage promet une meilleure digestibilité de l’amidon et des fibres, tout en sécurisant la ration sans apport de fibres complémentaires.
Qu’en est-il au Gaec des 3 M après un hiver d’utilisation ?
La récolte a eu lieu le 1er septembre à 35 % de MS. Il s’agissait d’une variété de maïs corné denté (indice 260).
« Il n’y a pas d’échauffement du front d’attaque »
Le recours à l’ensileuse Shredlage représentait un surcoût de 20 €/ha par rapport à une ensileuse classique, soit 120 € par hectare, hors fuel. L’éclateur était réglé sur 1,2 mm et la longueur de coupe sur 24 mm, au lieu des 14-16 mm habituellement recommandés. « Nous ne sommes pas montés jusqu’à 30 mm, car notre ration est déjà sécurisée par de l’enrubannage », souligne Alexandre. Pendant le chantier, il n’a pas hésité à faire le test d’éclatement du grain (voir ci-dessous) pour contrôler le réglage. « Cela prend cinq minutes, tout le monde peut le faire. Le plus impressionnant était d’observer la poussière issue des grains pulvérisés en prenant des poignées dans le tas. Je suis convaincu que c’est cette qualité qui rend le fourrage très appétent pour le troupeau. » Il a été ensilé sans conservateur et recouvert par un sous-film transparent de 40 microns puis une bâche classique de 150 microns.
« Nous n’avons pas l’habitude de mettre du conservateur. Mais j’ai noté cet hiver quelques points rouges de fusarium. J’en appliquerai donc cette année par sécurité. En revanche, il n’y a pas d’échauffement du front d’attaque, ni de pertes par moisissures, pas même dans les angles. L’éclatement des tiges a facilité le tassage. »
Idem à l’auge, où les éleveurs ne retirent pas plus d’une pelletée de refus chaque jour. La longueur des brins a conduit à supprimer la paille de la ration, là où ils avaient l’habitude d’en intégrer 800 g/VL/jour dans le bol mélangeur, en plus du foin en libre-service au bout du couloir d’alimentation.
« L’absence de paille facilite la préparation de la ration »
Désormais, les vaches ont 500 g de foin à l’auge en sortie de traite, pour faire un tapis fibreux dans le rumen avant la distribution de la ration. « L’absence de paille facilite la préparation de la ration, car il faut du temps pour la hacher avec le bol. » Ainsi, d’octobre à mars, la ration comprenait 30 kg bruts de maïs, à 0,96 UF et 17,9 % de cellulose, 8 kg d’enrubannage d’une association luzerne-trèfle violet, 5 kg d’enrubannage de prairie, 5 kg de drèches, 7 kg de pulpes, 2,5 kg de tourteaux soja-colza, 1,5 kg de blé-orge et 1 kg de concentré de production distribué manuellement jusqu’à l’insémination fécondante. En moyenne, les vaches ont produit 30,4 kg de lait/jour, soit une progression de 2,5 kg et un gain de 13 € de coût alimentaire. « Par rapport à l’année dernière, la ration est très différente. Il est donc difficile de tirer des conclusions. De plus, le maïs affiche cette année une très bonne digestibilité (dMO : 74 %) », analyse Jérôme Larcelet, conseiller Optival.
L’amélioration de la reproduction (réussite en 1re IA : 57 % contre 28 % l’année précédente), mais aussi des éléments non chiffrés (amélioration de l’ingestion et de l’état corporel) ont convaincu Danièle et Alexandre de continuer en 2018 sur une récolte en brins longs.
D’ici là, ils ont l’ambition de mettre en place du pâturage tournant autour des bâtiments pour poursuivre sur la voie de la réduction des coûts.
Jérôme PezonPlus de lait et un peu moins de TP | ||||
Gaec des 3 M | Moyenne de groupe | |||
2016-2017 | Shredlage 2017-2018 | 2016-2017 | 2017-2018 | |
Lait/vache/jour | 27,9 kg | 30,4 kg | 29,2 kg | 30,6 kg |
TB | 40,5 | 39,3 | 40,1 | 38,3 |
TP | 33,2 | 32,2 | 32,7 | 32,7 |
Coût alimentaire/1 000 litres | 126 € | 113 € | 125 € | 118 € |
Résultats du contrôle de performance (Optival) du mois d’octobre à mars. | ||||
En 2016-2017, le grain sec et moins éclaté d’un maïs assez vitreux a favorisé l’amidon by-pass et le TP. À l’inverse, la pulvérisation du grain avec la récolte Shredlage semble favoriser une meilleure valorisation au niveau du rumen au profit de la production laitière. Ainsi, la dilution par les volumes participe à la réduction du coût alimentaire plus importante que celle observée pour le groupe. Même si, en matière de performances, on n’observe aucune différence notable avec le groupe. |
Pour accéder à l'ensembles nos offres :